« Il n’y a pas de Ajar » Le voyage théâtral de Delphine Horvilleur à L’Archipel !
Un texte écrit pour qu’il soit joué au théâtre, un monologue contre l’identité conçu par l’écrivaine, rabbin Delphine Horvilleur, du fils imaginé de l’écrivain Romain Gary, alias Emile Ajar. Fascinée par ce double identitaire, elle interroge la multiplicité de nos identités. Johanna Nizard, pour qui le travestissement, la transgression et la métamorphose sont des guides inspirants dans sa démarche théâtrale, explore cet essai sur les ravages de cette obsession identitaire. La scène débute par le déroulement de la mort de l’écrivain par le truchement du regretté Bernard Pivot dans un décor tout en verticalité avec des jeux de miroir. Ce qui fait bien rire Abraham Ajar, le rejeton incarné par Johanna Nizard, qui va raconter son histoire et nous interpeller d’une façon désopilante. Par cette voix qui navigue entre réalité et fiction tout en célébrant le pouvoir des mots, elle nous aide à explorer les différentes facettes de l’identité.
Ici, le travestissement est utilisé comme un moyen symbolique pour explorer des thèmes tels que l’identité, la transformation et la dualité. Les personnages questionnent les frontières entre les genres et les rôles sociaux, mettant en lumière la complexité de l’identité humaine. Il permet également de révéler des vérités cachées, de défier les normes établies et de proposer une réflexion sur la liberté individuelle. En jouant avec les apparences et les attentes du public, la pièce incite à une prise de conscience sur la manière dont la société construit et impose des catégories. C’est une manière puissante de montrer que l’identité n’est pas fixe, mais plutôt un ensemble de possibilités en constante évolution.
De qui sommes-nous les enfants ? Peut-être sommes-nous les enfants de tous les récits ? Apprendre à se réinventer face au monde et de quoi peut-on parler et ne plus parler ? Est-ce que l’héritage est quelque chose de fixe ou peut-il être réinterprété ? Une interprétation qui se veut infidèle. « J’ai suffisamment trahi mon père pour lui rester fidèle » déclare Delphine Horvilleur lors d’une interview. « Quand on est en création, on rêve et on ouvre les portes. »
La forme choisie du monologue permet une exploration introspective des sentiments du personnage, créant ainsi une connexion entre le personnage et le public. La pièce oscille entre des moments d’humour léger et des réflexions plus profondes, ce qui permet d’assimiler les thèmes abordés sans lasser le public. Delphine Horvilleur invite le spectateur à réfléchir sur la liberté de se définir soi-même au-delà des étiquettes imposées et propose le dialogue. « Il n’y a pas de Ajar » est une œuvre riche et complexe qui utilise la fiction et les jeux de mots à double sens pour développer et explorer des vérités profondes sur l’identité et la mémoire. Elle nous incite à penser autrement en déjouant les pièges tout en trouvant de la force et de la résilience dans l’humour et la créativité.